DIEU ET LE PROBLEME DU MAL…
Si
Dieu a accepté pour nous faire exister le chemin qui paraît parfois le plus
imprudent et le plus scandaleux pour notre liberté, qui nous semble en tous cas
le pire qui soit par les douleurs et par la mort de finitude que nous y
rencontrons, nous pouvons être sûrs qu’un pareil chemin, est celui de l’amour et de rien d’autre en Dieu.
Si
l’existence des hommes comporte un tel lot de douleurs et de mort, ce n’est
donc pas un négligence ou un défaut de savoir-faire ou par manque d’amour de la
part de Dieu.
La
réponse chrétienne au problème fantastique du mal ne peut partir que de l’amour
que ce problème met en cause. Pour éteindre si possible- et pourquoi
pas ?- le foyer de scandale, qui semble devoir couver jusqu’à la fin du
monde, que déferlent en l’esprit les plus folles audaces que la foi
justifie !
Si
donc Dieu, révélé comme l’Amour même, a vu que pourrait exister un meilleur
chemin que celui qu’il a pris en tant que créateur, et qu’il ne l’ait pas fait,
osons dire que nous aurions le droit, vu le calvaire des humbles que
constituent l’histoire, de douter qu’il soit vraiment l’Amour, comme il nous
dit qu’il est ! Mais puisque nous
savons que « Dieu a tant aimé le monde qu’il lui a donné son Fils pour que
le monde ait la vie sauve »(Jean.V.17), nous devons renverser la
proposition précédente et résolument prétendre et affirmer : que si la
création est ce que nous savons avec ses douleurs de nature et de libertés
abîmées, c’est que pour Dieu lui-même qui voulait qu’existât en, toute vérité
du non-Dieu qui eut par rapport à l’infini une identité propre, il était autant
dire, impossible que le chemin fut différent !
Comme un tel chemin ne pouvait
que paraître terrible et scandaleux, il a donc décidé d’y marcher le
premier pour nous faire savoir Lui-même que le fond du mystère n’est pas de la
part de Dieu une « déréliction », mais qu’il est bien plutôt une
immense procédure de genèse de l’autre, aux fins toutes nuptiales d’une
étonnante et divine communion.
Sans
être le meilleur qui soit sous le rapport des purs possibles qui nous viennent
à l’esprit dans les heures de scandales, le monde dont Dieu accepte d’être pour
nous le responsable, du point de vue de la nature et de la liberté, est le
meilleur qu’il voit. D’ou Dieu le voit-il ? De l’amour non fini qu’il nous
porte et dans lequel il nous assiste, en devenant pour ainsi dire, le premier
des souffrants, la co-victime de son monde, mais à ce prix notre libérateur à
tout jamais divinisant.
Libre réponse à un scandale. Gustave Martelet.S.J. Ed du
Cerf.
Le
père Gustave Martelet est un éminent théologien, auteur de nombreux
ouvrages : Libre réponse à un scandale Cerf. Vivre aujourd’hui la foi de
toujours. Coll.Epiphanie. L’Au-delà retrouvé. Desclée. Les idées maîtresses de
Vatican II.Cerf. Résurrection, Eucha-ristie et genèse de l’homme. Desclée.